mardi 30 octobre 2007

Contrôle identitaire

A l’heure où s’accentue une pratique policière commune et pourtant illégale, je me dois d’adresser un message au plus grand nombre. L’une des libertés les plus fondamentales est chaque jour bafouée en France. Pour le prouver il me suffit de prendre un exemple tiré des programmes scolaires et donc d’une simplicité enfantine. On enseigne paraît-il aux enfants (en classe de 4e si je ne m’abuse) que « la liberté d’aller et venir, ou liberté de circulation est le prolongement nécessaire de la liberté individuelle et [qu’elle] doit donc être garantie par la loi ». On leur inculque, en se basant sur les lois, conventions et autres constitutions « [qu’]en France, toute personne peut se déplacer librement ». L’énoncé de ces libertés essentielles se base sur des textes comme la Déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit que « toute personne à le droit de circuler librement [...] à l’intérieur d’un Etat » (art. 13) ; et la Convention européenne des droits de l’Homme (1963) qui assure pour sa part que « quiconque se trouve régulièrement sur le territoire d’un Etat a le droit de circuler librement ». Chers enfants, la France vous ment !
Mais qui pouvons nous blâmer ? L’école ? Ou ces président, ministres et préfets qui donnent des instructions en totale opposition avec les législations nationale, européenne et internationale ? L’école ment car elle fait mine de croire que l’Etat et ses représentants respectent la loi et les libertés de chacun. Les responsables politiques et les représentants de la force publique trahissent car ils violent les libertés de citoyens français en entravant ce « droit de circuler librement ».
Si vous ne l’avez pas encore compris je vise donc cette pratique scandaleusement banale qu’est le contrôle d’identité. Cela vous choque ? Vous le pensez utile et nécessaire ? C’est sans doute que vous ne l’avez que très rarement, voir jamais subi. C’est sans doute que vous n’êtes ni noir, ni arabe, ni même asiatique, ou encore « jeune » au sens médiatique du terme, à savoir le jeune à casquette, survêtement ou treillis. Rien à voir avec ceux qui traînent l’été à Deauville en tong UMP. Il s’agit du jeune qui (surtout lorsqu’il est coloré, mais pas seulement) effraie la bonne bourgeoisie, la classe moyenne son suppôt, et la blanche basse couche négligemment qualifiée de « France d’en bas » par l’irrespectueux ministre Raffarin. Si vous n’étiez pas de ces catégories, vous comprendriez nécessairement mon point de vue. Vous comprendriez sûrement pourquoi des jeunes préfèrent fuir à tout prix un contrôle policier quitte à risquer l’électrocution dans un local EDF. Vous comprendriez sûrement ce sentiment incurable de marginalité qui nous caractérise et vous partageriez notre sourire lorsque l’on nous parle d’intégration. Vous remarquerez que je n’évoque pas ici le cas de personnes sans papiers, même s’il y aurait pourtant là aussi des critiques à énoncer. Je me contente pour l’instant de vous révéler l’injustice dont sont chaque jour victimes mes semblables et camarades d’humiliation.
Du président au français moyen, en passant par le gardien de la paix, chacun a sa justification de l’usage du contrôle d’identité. Mais comprenez vous que l’éventualité d’être arrêté (ne serait-ce que pour quelques minutes) alors que l’on n’a commis aucune infraction, aucun crime, que l’on ne circule pas à bord d’un véhicule nécessitant licence ou autorisation, comprenez vous que cette stigmatisation dans sa régularité est non seulement vexante, irritante, mais surtout illégale ? Je marche dans la rue et l’on m’arrête. C’est injustifié. Je descends du train et l’on contrôle non pas mon titre de transport mais ma carte d’identité, c’est anormal. Ma liberté de circulation est entravée, et paraît-il que je dois l’accepter. Et bien non. C’est injuste et inacceptable. Cependant, connaissez vous la réponse que l’on nous adresse lorsque l’on s’offusque ou lorsque l’on aurait des velléités de résistance : « Monsieur, on a pas de compte à vous rendre » ou encore « Si vous continuez, on vous emmène au poste » et enfin le non moins délicat « si vous voulez me faire chier je vais vous faire chier ». C’est incroyable ! Cet homme m’arrête de manière totalement arbitraire, il bafoue mon droit, et c’est moi qui « fait chier » ? Pour paraphraser la seule trouvaille digne d’intérêt du président Chirac, c’est « abracadabrantesque » !
Un jour j’avais cru lire un texte assez intéressant qui disait : « Nul ne doit être arbitrairement arrêté, détenu, ni exilé » (Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948, art. 9). Il est vrai que l’on ne m’a pas enfermé sans motif (quoique cela arrive tous les jours à d’autres dans le cadre de ces contrôles), mais je suis et nous somme cependant victimes d’arrestations arbitraires, quotidiennement dans l’indifférence générale. On justifie tantôt cela par la lutte contre la délinquance, tantôt par la lutte contre l’immigration clandestine. Imaginez donc ce que vous pouvez ressentir. Dans le premier cas on vous prend pour un délinquant potentiel, c’est sans doute que vous en avez les caractéristiques. Je n’aurai qu’une naïve question : quelles sont ces caractéristiques ? Rare sont ceux qui vous l’avouerons, mais bien souvent la seule suspicion vient de votre couleur de peau ou de votre accoutrement (le cumul n’est pas systématique). Mais au fond, comment blâmer le gardien de la paix auquel on demande d’exécuter des arrestations à tous égards arbitraires et qui n’a pour seul critère que les préjugés que tout le monde possède ? En même temps, comment ne pas comprendre la colère du contrôlé qui lorsque le contrôle ne se limite pas aux papiers d’identité, est fouillé comme un vulgaire scélérat alors qu’il n’a commis aucun larcin. Il se retrouve bras en crois, jambes écartées, soumis à la vindicte des regards inquisiteurs des passants (car ces contrôles se font presque toujours dans des lieux très publics). Beaucoup ne connaissent pas le sentiment de honte et d’impuissance qui peut vous parcourir dans ces moments. Face à l’injustice, vous ne pouvez avoir que deux réactions : l’abattement ou la colère.
Imaginez. Vous attendez votre train dans le hall d’une grande gare parisienne au milieu d’autres usagers. Viens alors quelques policiers qui décident de vous contrôler (sans comprendre pourquoi) vous (le noir), le jeune blanc habillé en treillis (genre « teuffeur » de rave party) debout à vos côtés et enfin le grand noir qui jouxte ce dernier. Vous pourriez demander la raison de ce contrôle mais ça ne ferait que le rendre plus désagréable. Vous subissez. On vous fait poser les mains sur le mur et l’on vous fouille, partout ! Au-delà de l’indécente palpation de votre entrejambe, vous vous sentez sali par les regards de la populasse. Vous sentez que cette scène conforte chez eux les préjugés divers qu’ils partagent vraisemblablement avec vos tactiles oppresseurs policiers. Bien entendu vous n’avez rien fait, et ces braves agents de la force publique ne peuvent que vous laisser repartir. Ces derniers sont même un brin aigris de n’avoir pu trouver sur vous la confirmation de leur suspicion initiale et se sentent atteint dans leur amour propre de fin limier. Vous, vous prenez place dans votre train de banlieue où vous faites face aux regards dédaigneux qui ne voient en vous qu’un délinquant, une racaille, étrangement relâchée par de bien trop complaisants policiers. Parvenez vous à imaginer ce sentiment d’injustice mêlé de rage et de dégoût ? Injustice face à ce contrôle immérité, rage envers cette police omnipotente armée de préjugés, et enfin le dégoût pour ces gens si prompts à juger sur des apparences.
Tout ce que vous direz ne vous sauvera pas. Vous essaierez d’expliquer que ce type de contrôle au faciès est injuste, on tentera de vous faire reconnaître son bien-fondé avec une constatation qui a leurs yeux est guidée par le bon sens, du type : « Reconnais qu’il y a quand même beaucoup plus de noirs et d’arabes qui foutent le bordel ou qui ont de la drogue sur eux ». Ah !... Alors, si j’ai bien compris, on m’arrête car j’ai le tort de ressembler à un hypothétique coupable. Ainsi donc, par extension, mon faciès fait de moi non seulement un bon suspect, mais aussi un parfait coupable. A peu de chose près, j’ai l’impression d’entendre le loup dire à l’agneau : « si ce n’est toi, c’est donc ton frère ». Un contrôle d’identité répond à la même logique que cette fable, apprise dans ma jeunesse et qui illustre si bien l’injustice. L’agneau en rentrant chez lui aperçoit au loin, un loup en patrouille. Que va faire l’agneau ? Tenter de raisonner le loup en démontrant son innocence ? Non, celui-ci ferait une nouvelle fois la sourde oreille. L’agneau a beau réfléchir, il ne voit qu’une solution : la fuite. Nombreux sont les petits agneaux de France qui craignent de se faire dévorer par les questions insidieuses des loups policiers si prestes dans leurs soupçons calomniateurs. Seule la fuite peut leur permettre d’éviter un nouveau face à face humiliant. Alors contrairement à la fable de La Fontaine, certains agneaux de France choisissent la fuite. La fuite quitte à se blesser sur un barbelé. La fuite quitte à se noyer dans la rivière. La fuite quitte à finir électrocuté dans un local EDF.
Mais ne pensez pas qu’être pris pour un sans papier soit plus agréable. Chaque fois que l’on nous demande de justifier de notre identité, c’est une nouvelle mise en doute de notre appartenance à la France. Si parmi la foule le policier vous choisi, c’est que vous êtes selon lui, celui qui est susceptible de ne pas être français. En vous choisissant il pense minimiser ses chances d’erreur, et nul ne s’en offusque. On parle d’intégration, mais comment se sentir intégré quand chaque jour on nous distingue ? Par l’intensification de leur chasse aux sans papiers, le président et son cerbère du ministère de l’identité nationale oeuvrent, sans le savoir, à la consolidation du communautarisme, par l’intensification des contrôles d’identité et l’entretien du sentiment d’exclusion chez les victimes de ces injustices. Ne demandez pas aux personnes d’origines extra-européennes (parfois lointaines) de faire des efforts d’intégration alors que de toute évidence leur faciès les condamne à la marginalisation. Tous les synonymes et périphrases utilisés pour désigner les noirs et les arabes en France ne masquerons jamais la permanence de préjugés racistes à leur encontre. Certains diront que c’est la paranoïa qui nous pousse à voir le racisme partout et je leur réponds qu’ils ont parfaitement raison. C’est parce que nous connaissons et craignons le racisme, que nous parvenons à le débusquer dans un regard, dans un geste. C’est parce que l’on a la hantise de le rencontrer que l’on peut tenter de se soustraire à toute situation qui selon nous semble propice à sa manifestation. Car notez bien une chose, je n’ai abordé ici que le contrôle d’identité banal et j’ai voulu montrer combien il était déjà frustrant et insultant. Imaginez lorsqu’il s’agit de ce que les journaux appellent pudiquement un « contrôle musclé ». Imaginez l’intensité de notre rage lorsque les coups s’ajoutent à l’injustice. Comprenez vous que certains essaient de se dérober face à ce type de contrôle ? Comprenez vous enfin que des enfants, se sachant impuissants, fuient devant la menace de cette injustice, en prenant au passage des risques inconsidérés ?
Si en définitive vous ne parvenez pas à comprendre notre sentiment, cela ne me surprend pas, bien au contraire. Votre entêtement illustre l’attitude de la majorité des français, prouve la persistance des préjugés que je dénonce et explique les résultats électoraux de cette année. Pour choquer, je pourrai me risquer à comparer la vexation ressentie lors du contrôle d’identité à l’humiliation des porteurs de l’étoile jaune pendant une période troublée de l’Histoire de France. Les conséquences sont différentes, mais la honte est voisine. Ah !... J’entends les soupirs désapprobateurs des lecteurs presque conquis et je vois la moue consternée des plus réfractaires à mon exposé. Mais je discerne aussi les sourires complices des victimes de ces injustices et les hochements de tête de ceux qui feront l’effort de comprendre mon point de vue. Toutes les nominations, toutes les lois et tous les ministères n’y changeront rien. Seul l’abus de la méthode coué nous convainc (en apparence) que nous sommes tout autant citoyen que le gaulois moyen. En réalité, tant que nos droits et nos libertés ne seront pas respectés à l’égal de ceux des autres citoyens nous ne pourrons nous sentir de véritables français.

lundi 17 septembre 2007

Félicitations à Rama Yade (ou l’éloge de l’innocence).

J’ai été critique de la nomination de Rama Yade et des autres cautions « ethniques » (no comment) du gouvernement Fillon. Mais là, sans ironie, je tire mon chapeau à notre secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme [...] après son coup d’éclat lors de la tentative d’expulsion des sans papiers à Aubervilliers. Il ne s’agit pas pour moi de tourner casaque, ou de reconnaître a posteriori la qualité et les compétences de Mme Yade après l’avoir dénigré et vilipendé (ce qui est d’ailleurs faux). Cet épisode ne fait que confirmer tout ce que je pensais de l’instrumentalisation de sa nomination. Le tollé provoqué par son initiative confirme mes critiques initiales, et prouve que l’on attendait justement d’elle une absence d’initiative, un rôle de potiche en somme. On espérait qu’elle se contente de son rôle de figurante (comme les noirs dans Plus belle la vie) lors des sommets et rencontres internationales ; qu’elle énonce des lieux communs sur des situations lointaines sur lesquels sa voix n’a pas la moindre influence effective. On voulait également en faire un symbole de réussite pour faire rêver (et rien de plus) les petites négresses de France, tout en adressant un message positif à l’Afrique, comme si pour une sénégalaise la réussite était de finir au gouvernement français et non pas dans celui de son pays. (C’est sans doute ça l’immigration choisie, mais je ne suis pas sûr que ça décourage les subsahariens en villégiature à Gibraltar).
Et bien Rama a brisé les chaînes. Elle ne s’est pas laissée dicter sa conduite et elle a été là où elle pensait devoir être, sur le terrain, pour se préoccuper des sujets qui, dans la logique des choses, devraient relever de sa charge de secrétaire d’Etat. Je lui adresse donc une première félicitation pour avoir eu le courage d’assumer la réalité d’une fonction dont on ne lui octroyait que le titre.
Ma seconde louange se place dans le sillon de ma précédente remarque, mais dans une veine plus générale, puisque Mme (ou Mlle) Yade a simplement fait son travail, ce que nombre de ses collègues du gouvernement ne font pas. En est d’ailleurs symptomatique le fait que tous les hérauts de son camp lui aient reproché de s’être mêlé d’un dossier qu’elle aurait dû laisser traiter (de loin) par ses collaborateurs. En quelque sorte, tous ces vieux stratèges de la politique se gaussent de voir cette novice commettre l’erreur de s’atteler de manière effective à la charge qu’on lui a confié. Elle aurait dû se contenter de faire semblant. Erreur de jeunesse.
Enfin je complimente Rama Yade d’avoir démontrer l’hypocrisie de la mairie communiste de la ville, qui, cachée derrière le prétexte du légalisme, cautionne des opérations de police que le P.C. n’a (en apparence) de cesse de dénoncer dans ses tracts et ses meetings.
En définitive, c’est justement parce que Rama Yade n’est pas au fait de la réalité des agissements et des pratiques politiques qu’elle a « l’impudence » et la « légèreté » de remplir de manière effective sa fonction. Je vous félicite donc Mme la secrétaire d’Etat. Je m’empresse d’autant plus de le faire que bientôt vous deviendrez (si vous persistez en politique) comme vos « illustres » aînés, plus calculateurs qu’acteurs. Un titre d’acteur qu’ils ne méritent au final qu’au sens de comédien, aux vues de leur quotidienne mascarade donnée sur la grande scène du cirque médiatique de la politique française.

dimanche 1 juillet 2007

La tete et les jambes

Et non, ce titre ne fait pas référence à notre cher président Mr Sarkozy (joggeur le matin, président le reste de la journée, et le soir ?...), ou du moins indirectement. Il s’agit en réalité de son gouvernement, et plus exactement de celles sensées y représenter la « diversité » (plus ça va, plus les mots sont vagues pour parler des noirs et des arabes). On a quand même l’impression d’avoir assisté à une élection de « miss intégration » avec en lauréate Rachida Dati, en première dauphine Rama Yade, et dans le rôle de Mme de Fontenay Fadela Amara (sans couvre-chef). Prenez Mlle Yade, les commentateurs politiques rivalisent de politesse pour décrire ses nombreuses qualités au premier rang desquels figurent souvent sa beauté, sa jeunesse (cela signifie-t-il que dans 15 ans elle aura moins de talent car vieille ?) et enfin sa présumé (à tort ou à raison) compétence. Telles des miss de concours de beauté, on nous les présente comme des jeunes femmes belles (les goûts et les couleurs...), mais également intelligentes. Non ? Bah si, il parait. Elles ont donc la tête (bien faite) et les [jolies] jambes (symbole de leur beauté toute féminine). Je me suis permis d’utiliser et de détourner une expression courante dans le milieu sportif, qui, dans cette optique, convient parfaitement pour décrire (avec une once de malice) la nomination, et même la promotion de nos « trois mousquetaires de la diversité ». C’est peut être un peu cliché de toujours associer le sport aux noirs et aux maghrébins, mais faut dire que dans ce domaine, question diversité on est servi.
Pour rester dans la métaphore sportive je me fendrai d’un : « Et un ! Et deux ! Et trois zéros…. Mais y sont où, mais y sont où les socialistes... ». Tels les brésiliens de 1998, et pourtant donné comme l’ultra favori du match de la diversité, le PS prend une véritable leçon. En nommant Fadela Amara et Rama Yade secrétaires d’Etat, Nicolas « Aimé Jacquet » Sarkozy a fait fort en tout cas, en confrontant le parti socialiste à sa nullité et son hypocrisie dans ce domaine. Alors que la gauche a longtemps cru que le bon vieux Koffi tout juste suffisait, notre président fait dans la représentativité de la diversité. Voyons les recrues : une arabe, une kabyle, une peuhle … A ce rythme là les socialos seront bien obligés si jamais ils gagnent une élection présidentielle de mettre Harlem « les potes et les pierres qui vont avec»Désir ministre des affaires étrangères, Malek « putain mon parachute ne s’ouvre pas »Boutih, ministre des finances et j’en passe. En d’autres termes et à condition qu’il reste des noirs et des arabes au parti socialiste, il leur faudrait dépasser le « black-blanc-beur » sarkozyste en faisant un gouvernement « black-black-black » (tous droits réservés à Mr Finkelkraut).
Ah ! La « dream team » du gouvernement Fillon 2, elle « en jette » sur le papier. Mais à bien y regarder, la diversité prônée et telle que mise en oeuvre par Nicolas Sarkozy n’en demeure pas moins alambiquée. D’abord dans la forme, toutes des femmes... (Faut-il une loi pour que l’on voie des hommes noirs et arabes entrer ou plutôt revenir au gouvernement) ? Trop peur des racailles ? Ou peut être que la « jurisprudence Azouz (un mouton dans la baignoire) Begag » l’impose ? Aucune de ces demoiselles ne risque d’avoir dans son casier vol de scooter, ou insubordination lors d’un contrôle au faciès, quoique l’une d’entre elles pourrait cacher un vol de rouge à lèvre chez Séphora... Toutes ces considérations mises à part, qu’en sera-t-il des faits et de leurs actes ? Est-ce que la nouvelle secrétaire d’Etat aux droits de l’homme indiquera à son mentor (flanqué de son cerbère de l’Identité Nationale) que le contrôle d’identité, est de fait contraire aux droits de l’homme, par l’imbécillité de son principe (reposant nécessairement sur des préjugés) et ne pouvant se faire qu’au faciès? Passera t-elle plutôt son temps à tomber à bras raccourcis sur les socialos, ou encore à lancer des initiatives bidons (Clooney fait déjà le glam’ humanitaire) sur le Darfour ? A part des commentaires désobligeants, le renforcement de la misogynie chez quelques imbéciles, et l’indifférence de beaucoup, qu’est ce que ces nominations vont concrètement changer dans la vie de leurs basanés semblables ? Pas forcément grand-chose.
Il semble même que contrairement à ce que voudrait nous faire croire les relais d’opinion (la presse la plus libre au monde), la manière de faire sarkozyste ne diffère aucunement de celle de « Tonton » dans les années 80 et celle de la gauche depuis lors.
Revenons à une question essentielle : Pourquoi des femmes ? Certains diront : « coup double » (parité/diversité), mais n’y a-t-il pas autre chose à voir ? A mon sens si, car dans l’esprit de la bien pensante bonne société blanche, elles sont des victimes par excellence ; victimes des croyances patriarcales de leurs pères, des violences verbales et physiques allant même jusqu’au meurtre, de leurs congénères masculins… En résumé, des opprimées. De fait, Rama Yade, Fadela Amara et Rachida Dati sont à l’UMP, ce que furent les « Beurs » (tartinés) et les « Potes » (‘‘o’’ n’est pas ‘‘u’’) au mitterrandisme. Des éternelles victimes qu’il faut relever, des éternels revanchards, révoltés qui ont forcément raison d’exprimer leur colère et frustration. On peut franchement s’interroger quand dans le gouvernement du parti le plus machiste de France (rappelons que c’est l’ancien RPR, « à nos femmes, à nos chevaux et, à ceux qui les montent ! » dixit Chirac) et sans doute le plus blanc, il y ait une aussi forte proportion de descendantes d’immigrés d’origine africaine. À moins qu’ils n’aient un ennemi commun… Cherchez l’homme …noir ou arabe. Lire « Reckless Eyeball » d’Ishmael Reed.
Sur le fond, c’est plus effrayant. On peut reconnaître aux dames susnommées bien des qualités en plus de leurs diplômes fièrement arborés. Mais eu égard à leur expériences passées, il y a de quoi frémir lorsqu’on voit les maroquins qui leurs sont attribuées. N’y a-t-il pas parmi les énarques diplômés au cours des trois dernières années ou au sein du corps diplomatique français, une personne nettement plus compétente que Mlle Yade pour le poste de secrétaire d’état aux affaires étrangères et des droits de l’homme ? Avec tous les problèmes d’urbanisme que connaît la France, faut-il confier ce département ministériel, ô combien crucial pour les années à venir, à la responsable d’une association médiatique donneuse de leçons dont l’une des préoccupations (hormis la promotion de sa personne) a surtout été de s’assurer que les jeunes filles de cités puissent se promener, string en l’air, sans se faire interpeller, agresser etc… Désolé pour les belles âmes, mais entre Mr Devedijan (un temps pressenti comme garde des sceaux), dont je ne partage pas la moindre parcelle d’idées mais qui a le mérite d’avoir une vision de la justice dans ce pays, et Mme Dati, à qui l’on impose un directeur de cabinet et qui à défaut d’avoir une vision ne sera qu’une exécutante de ce qui a été décidé en haut lieu (voir le nombre de fois qu’elle dit « Nicolas Sarkozy » dans ses interviews !!!!!), je choisis, sans plaisir, le maire d’Anthony.

Tout ça pour dire que le souhait des Noirs et des Arabes en France est dans la République du mérita d’être reconnus en fonction de leurs aptitudes, point. Pas en fonction de leur couleur, leur capacité à intégrer les cercles parisiens de la bien-pensance (voir NPNS). D’ailleurs, ironie de l’Histoire, les IIIe et IVe républiques et les débuts de la présente Ve, (pourtant toutes colonialistes et de fait ségrégationnistes) avaient octroyées des places, certes limitées, mais justifiée, aux éléments jugés méritants et compétents issus des colonies. On peut ainsi relever la carrière et l’action d’un Félix Eboué dans l’administration coloniale, qui lui valu notamment de voir ses cendres reposées au Panthéon (ce qui n’est pas donné à tout le monde). On peut également rappeler les charges ministérielles qu’occupèrent Félix Houphouët-Boigny ou Léopold Sédar Senghor avant les indépendances de leurs pays respectifs. Enfin on peut honorer l’admirable carrière d’un Gaston Monnerville, président du Sénat et de son ancêtre le conseil de la République pendant plus de vingt ans. Ce dernier, rappelons-le, d’abord député de sa Guyane natale, fut ensuite élu du Lot (!), président du conseil général du dit département et siégea notamment au conseil constitutionnel (rien que ça). Peut-on penser un seul instant, que de tels CV furent simplement dus à la discrimination positive ?
Même si je souhaite à Mesdames Dati, Yade et Amara des carrières aussi brillantes, leurs nominations semblent plutôt prendre les traits d’une manipulation, d’un coup de com. La droite sarkozyenne semble en effet penser que nommer une noire et deux arabes au gouvernement suffit à calmer tous les griefs et les attentes. Que nommer un noir au journal de 20h, ou accepter quelques basanés hors concours à Sciences-Po résoudra le problème... Et bien Non. En lieu et place d’égalité des chances, de l’école républicaine comme ascenseur social, on assiste à la promotion du piston comme moyen privilégié d’échapper à sa condition originelle. Pourquoi dans la réforme de l’éducation annoncée, ne pas se fixer comme ambition de faire des lycées des quartiers des établissements d’excellence ? Les lycées de Mantes la Jolie ou de Sarcelles recèlent de bons élèves qui préfèreraient que leurs notes parlent pour eux plutôt que des courriers adressés à Albin Chalandon ou à Simone Veil.
Ce que souhaitent les noirs et les arabes engagés dans la vie politique c’est aussi qu’on les juge en fonction de leurs convictions et de leur capacité à les mettre en œuvre (respect en ce sens à Mme Taubira). Ces derniers ne veulent plus être considérés comme des objets politiques non identifiés, ou comme des exceptions. Alors que nombre d’hommes et femmes, noirs et arabes ont, et de manière croissante, des situations socioprofessionnelles honnêtes et pour certains admirables, cessons de présenter tout noir ou arabe non délinquants ou non chômeur comme un miraculé. On dit d’eux qu’ils « s’en sont sortis », mais sortis de quoi ? De leur affreuse condition de nègre ou de « sous-hommes » (tous droits réservés à Mr Frêche) ? Ces nominations et les commentaires hagiographiques qui les accompagnent ne font que renforcer l’idée que l’attribution de tels postes tient de l’exceptionnel, et que le commun des mortels (non blancs) ne peut y prétendre. Ces nominations devraient illustrer la force des convictions de véritables militants politiques. Mais au final, observez l’image qui en ressort. Je doute franchement qu’on trouve de réelles convictions de droite chez Fadela Amara ou Rama Yade et même Rachida Dati qui ont toutes eu des flirts plus (Fatiha) ou moins (Rama) poussés avec le PS et les idées de gauche. Cela illustre plutôt de l’ambition à tout prix, l’adhésion à un homme plutôt qu’à des idées. « Se servir plutôt que servir » comme on raille méchamment au Cameroun…
Au delà du ravissement courtois et autres plaisirs que ces nominations me procurent (dont le bordel au sein de la gauche , LCR et PC compris), je n’y vois que des éléments négatifs. Plutôt que des français comme les autres, on nous sert des « phénomènes », « des destins » sans convictions si ce n’est leur ambition, une absence totale de vécu politique tant du point de vue des idées que de la pratique, des carriéristes pas des politiques, des exceptions somme toute, des alibis. Vous avez dit rupture ? Surtout, est-ce là l’exemple que l’on veut donner aux Mamadou, Antoine (qui peut être noir), Fanta et autre Samira en termes d’intégrité, morale publique et de convictions ? Quel recul dans les valeurs !

C’est pourquoi je préfère penser la diversité en me basant sur l’équipe de France de football en dépit des raccourcis que cela peut occasionner, plutôt que sur l’actuel gouvernement. Je parle ici en terme de valeur et de compétence, et ne sous-entends en rien que noirs et arabes doivent se cantonner au sport. En ce sens le symbole est plus fort. Thuram, Nasri, Sagnol sont sur le terrain parce qu’ils le méritent et sont au-dessus des autres du fait de leurs talents, de leurs performances, de leur discipline personnelle et pas parce qu’ils sont allés accoster Guy Roux dans je ne sais quel cocktail, ou Domenech dans je ne sais quelle officine... Peut- on en dire autant de nos trois mousquetaires ? Je crains que non.
À votre avis qui de Thuram et de Fadela Amara, représente le plus la République du mérite de Jules Ferry et autres ?

mercredi 13 juin 2007

Quand les bourges s’ennuient.

Avez-vous déjà observé les jeunes bourges parisiens dans leur gauchisme juvénile ? Si ce n’est pas le cas, c’est que vous n’avez pas fréquenté de facultés aux rougeurs de l’automne, ou quand vient le printemps. Flanqués de quelques acolytes plus modestes et servant de caution morale, ils manifestent des opinions qui, si elles n’étaient pas éphémères comme leur jeunesse, seraient admirables. Ces bourges rêvent car ils s’ennuient dans leur mue. Ils jouent une dernière fois avant de devenir adulte et sérieux. Leur jeu favori ? Mai 68.
Si l’on en croit une expression journalistique restée célèbre, il parait que la France s’ennuyait en 1968 peu avant sa printanière poussée de fièvre. C’est peut être par peur d’un ennui comparable et menaçant, que notre nouveau président entend réveiller (tôt) le pays, lui donner une dynamique, ou tout du moins, en donner l’illusion médiatique par ses joggings et son style, que certains jugent digne de Kennedy (il devrait éviter les décapotables alors...). Mais c’est sans doute également pour cela qu’il entend liquider les héritages de 1968. Afin d’éviter de donner raison à ceux qui, aux vues de l’inimitié que lui porte une partie de la jeunesse, lui prédisent « son » mai 68, Mr Sarkozy va sans doute tout faire pour que l’on ne s’ennuie pas. Tout un programme.
Un programme qui a de toute évidence séduit. Certains ralliements parmi les « personnes prétendument célèbres », m’ont même passablement surpris, je dois l’avouer. Au-delà des mauvais contribuables soucieux d’obtenir la plus fiable des cautions, et des conservateurs patentés, on trouve de véritables fruits de mai 68, mais pas moins acquis à la cause du nouvel hôte de l’Elysée. Je m’interroge (pas vous ?). Bah alors ? On a peur de voir s’ériger de nouvelles barricades ? Selon moi, oui. Pourquoi, me direz-vous. Et bien parce qu’ils ne se reconnaissent pas dans certains émeutiers qu’ils ont observés. Ils les désapprouvent et ils en ont même peur à certains égards. Faut dire qu’ils ont vieilli et leur perception du monde aussi. De plus, ils ont beau vouloir rester « cool », ils sont frappés de l’amnésie partielle dont souffrent presque tous les ex-jeunes. C’est un peu comme certains de mes amis qui, une fois devenus surveillants dans des collèges, semblent avoir totalement oublié les sales mômes (voir les diables) qu’ils étaient, et se persuadent qu’ils n’avaient rien à voir avec les démons dont ils ont la surveillance. Quand je leur parle de leurs « exploits » passés, ils me répondent que ce n’était pas aussi grave, ou que ce n’était pas pareil. Interrogez les « soixante-huitards » sarkozystes et ils auront des réponses semblables.
J’ai une théorie à ce sujet. Je n’en fais pas une vérité absolue, juste l’ébauche d’une opinion. D’abord, je relève que malgré le tour social et politique, le mouvement français de 1968, reste incarné par le conflit étudiant, ce choc des générations, cette volonté d’émancipation de la jeunesse (c’est ce qu’on raconte). Au final, tout cela lui donne à mon sens, le caractère et les attributs de la crise d’adolescence dont sont victimes les jeunes bourgeois et tous ceux dont le confort matériel (même plus modeste) permet de se chercher des tourments de substitution (car quand tu crèves la dalle, ou que les trous de tes chaussures ne sont pas dus à la mode, tu te contentes de ces soucis là). Cette impression est renforcée quand on se souvient que les évènements de 1968 sont à replacer dans un contexte international assez tendu en divers points du globe. L’agitation estudiantine touche divers pays, les Etats-Unis en tête, où l’opposition à la guerre du Vietnam agite nombre de campus. Là-dessus s’ajoute la lutte des noirs pour les droits civiques, l’assassinat de Martin Luther King et l’embrasement des ghettos noirs qui en a suivi. On peut également faire mention du printemps de Prague et de la répression soviétique en Tchécoslovaquie. On comprend alors l’ennui et la frustration des jeunes français. Ils n’ont même pas une petite guerre à eux contre laquelle ils pourraient marquer leur opposition (l’Algérie, c’est fini). Obligé de squatter celle des autres. Forcément ça énerve, et ce qui était supportable ne l’est plus. Alors on se cherche des soucis, on refuse l’autorité. On croit que la jeunesse est un état social définitif, et à ce titre, on a plein de revendications. Avouez que le parallèle se tient. Après la crise d’adolescence de la jeune fille vient le dépucelage et le dévergondage comme la libération sexuelle a suivi Mai 68. Ainsi, les grèves l’ayant accompagné sont comme la réaction de la mère qui dans le conflit entre la fille et le père autoritaire, se mêle finalement de la querelle. Elle ose prendre partie contre l’autoritarisme paternelle, se permettant un : « Charles, tu exagères ». Cette coalition pousse le père bougon à un mutisme temporaire, préférant bricoler dans son coin. Mais au final, la mère autant que la fille profitent des quelques efforts que consent à faire le patriarche en octroyant quelques libertés à la maisonnée, tout en prenant garde de rester le chef de famille.
Mais cette jeunette qui a profité peut être plus que de raison de ces libéralités, ne restent pas jeune. Elle vieillit et se rend compte que le laxisme dont elle a fait preuve avec ses propres enfants n’a pas empêché ces derniers de lui causer bien du souci. Elle se dit alors que l’austérité et la rigueur du paternel avaient leurs avantages. Cette ex-jeunette se tourne alors vers son frère pour qu’il l’aide dans l’éducation de la génération suivante. Celui-ci, sans être le tyran paternel, a toujours apprécié l’ordre qu’il faisait régner, et entend à sa manière en perpétuer la tradition. Voilà comment ceux qui ont cherché la liberté, veulent limiter celle de leur descendance. Voilà surtout comment certains « people » (terme exécrable) et tout ceux dont l’essence est soixante-huitarde, peuvent cependant se réfugier dans les bras sécuritaires d’un « frangin Sarko » dont l’apparent dynamisme empêche de croire qu’il puisse être réellement rigide. Cette recherche à demi consciente des valeurs paternelles les transforme à leur insu en clones de leur père, masqués sous des habits de modernité. Persuadés d’être restés « cool » ils voient désormais le monde comme leur père que, jadis, ils imaginaient tyran. C’est pour cela qu’ils ne se reconnaissent pas dans une partie de la jeunesse (surtout quand le miroir est déformant et teinté), ils n’ont pas les mêmes aspirations. Ils minorent la profondeur de leur malaise, ils ne comprennent pas les formes de leur contestation, leur violence, et les aspects autodestructeurs de leur action. Ils en ont même peur et compte sur « leur frère » pour juguler cette jeunesse. Car ils l’imaginent avoir l’autorité sans être autoritaire, ils pensent qu’il peut leur donner un cadre et non un carcan, ils souhaitent qu’il leur apprenne la morale sans voler leur liberté de penser.
Ils pensent cela car ils ont oublié la réalité des perceptions de la jeunesse, et que ces jeunes ne peuvent voir que l’autoritaire là ou l’adulte voit l’autorité. Surtout ils ne les comprennent pas car lorsqu’ils en font l’effort, ils ne trouvent pas l’identique de leur situation, et ne peuvent ainsi admettre la légitimité de leur révolte. Ils y voient un mauvais remake, une pièce classique dont l’adaptation contemporaine semble de mauvais goût. Les rôles ont changé. Si le malaise de la jeunesse était resté la crise périodique post-adolescente, ils auraient pu comprendre. Quand les jeunes bourges font leur remake de mai 68, ils comprennent, se gaussant même du fait qu’ils ne sont pas égalés. Mais quand d’autres, au désenchantement plus grand encore, manifestent l’amertume qu’ils ne savent exprimer que par des violences, ces ex-trublions ne comprennent plus. Ils ne comprennent d’autant pas qu’ils ne leur ressemblent en rien. Ils ne jouent pas à mai 68 eux. Ils n’ont pas leurs valeurs, leur culture, leurs rites. C’est une fracture, que certains ont dit sociale, mais que d’autres plus polémistes jugeraient « socio-ethnique ».
Faisant mine de ne pas faire de différence entre ces enfants, le « frangin Sarko » entend être envers eux aussi sévère que son père, mais avec plus d’habileté. La question est de savoir si la mère et le reste de la famille finiront par apporter ne serait-ce qu’un timide soutien aux rebelles de la maisonnée, ou si par crainte de voir se révolutionner l’édifice familiale, ils vont se rallier au grand frère devenu chef de famille. L’entendez vous dire : « Si tu vies sous mon toit, tu manges avec tout le monde, tu respectes mes règles et tu fais ce que je te demande. Sinon, la porte est grande ouverte. Personne ne te retient. » Quelle sera la réponse du nouveau rebelle de la maison. Ne fait-il lui aussi que sa petite crise d’adolescence, due au confort relatif dont il jouit et dont il n’a pas même conscience ? Ou est –il véritablement le mal aimé, le vilain petit canard, le parent pauvre du foyer ? La crise finale et l’issue nous donnerons la réponse. Car quand bien même ils se croient persécutés, les vrais enfants gâtés ne font pas de vraie révolution, ils y jouent. Ils sont même les plus apeurés quand la vraie révolution se fait jour. Quand on joue avec le feu, on risque de voir d’autres attiser les flammèches des allumettes que l’on a soi même négligemment jeté.

lundi 21 mai 2007

Où sont les hommes ?



















Rachida Dati , Rama Yade , Najet Belkacem, Christiane Taubira , Safia Otokoré, Tokia Saifi, Michèle Sabban, Jeanette Bougrab, Fadela Amara…Le PPF ( paysage politique français) l adore se mirer dans ces jolies minois pour y voir les preuves de son ouverture et de son anti-racisme militant. Oui elles ont su échapper à leur avenir de tout tracé de femmes musulmanes voilées, excisées, séquestrées, condamnées à la maternité sans fin et vaincre le machisme politicard pour s’imposer enfin.Oh la revanche de Rachida Dati ! la détermination de Rama Yade ! la gouaille de Loubna Méliane (ma préférée…) ! Etc.

M’étonnant du fait que tous ces FMI (fameux modèles d’intégration) étaient toutes des femmes donc pas si représentatives que ça ( ça veut dire quoi ? aux hommes le foot, le rap ou la prison et aux femmes les études et la politique et la « vie qui va avec »….). On m’a répondu que c’était pour les politicards un moyen de faire d’une pierre deux coups, représenter les femmes et démonter de l’ouverture à la diversité raciale….Chiche ! Sauf que je n’y crois pas une seconde lorsqu’on voit la marginalisation des hommes noirs ou arabes dans le domaine politique.
Faisons le compte :
Stephane Pocrain viré même de chez les Verts et pas vraiment une foudre de guerre. Les tontonesques Harlem Désir (cantonné au combat antiraciste sans fin avec les pierres et les tomates qui vont avec… mais aussi les entrées gratuites en boîte), Kofi Yamgnagne (séquestré dans le Finistère) …on ne trouve pas grand chose . Qui se souvient de Léon Bertrand , ministre du tourisme du gouvernement Villepin ? Malek Boutih , on se sentait obligé de rappeler qu’il était boiteux , en plus ce type se refusait à mettre des costards…. Pensons plutôt aux arabes et noirs qui ont été en haut de l’affiche politique au cours des dernières années .Deux noms submergent : Tariq Ramadan (qui n’est même pas français, à défaut de préférence nationale , c’est la préférence raciale qui l’emporte) et Dieudonné (No comment).Outre le fait chacun a plus de charisme que l’ensemble des sus-cités, on constate qu’ils ont été diabolisé ,accusés de tous les maux .L’un sous ses dehors séducteurs , modernes et brillants serait un mollah Omar en mocassins, l’autre je n’en parlerais pas , lisez le Nouvel Obs ou le Bloc Note de BHL……

Je veux en fait dire que le PPF ne semble accepter des basanés à partir du moment où ces derniers (en dépit de leurs compétences, sinon je me demande quelles sont celles Harlem Désir pas foutu de gagner une élection à Aulnay Sous Bois !!!!) ont une faiblesse, un handicap qui les rendrait plus humains , moins effrayant pour leurs maîtres blancs. Pour les jolis minois cités en debut de texte, c’est leur féminité, ce qui est du machisme pur et dur selon moi mais bon , demandez à Fatiha Amara. Dans cette configuration un noir ou un arabe normal du style Harry Le Mac à la Rose a peu de chance car il se rapproche un peu trop du rappeur ou de la racaille fantasmée que tant de bourgeois rêvent de karcheriser et craignent pour sa puissance sexuelle une fois de plus fantasmée , sa violence (etc combien de blancs gênés car se sentent attaquées dès lors qu’un noir élève un peu la voix ou n’a pas l’attitude soumise qu’il attend). On note d’ailleurs que les jolis minois bronzés du PPF les rejoignent d’ailleurs dans ce délire. Dans leurs souvenirs, les noirs et les arabes sont plus vrais que leurs caricatures, machistes à l’excès, dernières sentinelles d’une société patriarcale d’un autre temps. Vision médiatisée notamment par Si Putes Si Soumises dixit La Rumeur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cette assoc’ est adossée au grand chantre tontonesque du métissage SOS Racisme (vu qu’il y’a pas beaucoup de mecs normaux que des beurgeois ou des buppies , ils ont ouvert une section féminine pour pallier le manque d’effectifs).Les deux discours se complètent.

À force de seriner à des Fatou , Alice et Samia que Mamadou et Farid sont des mélanges de Guy Georges et de talibans , va savoir comment elles pourront les voir comme des copains etc puisque machos , incapables de tendresse etc…..
Que leur reste t-il à faire ,se retourner vers les Dupin et Dupont qui les respectent blablablab tandis que les mecs en manque se tourneront vers les Alice , Mélanie etc…… tout ça donnant des métis « d’ici et ailleurs » . (Désolé c’est un état, être métis pas un choix ; en faire une chanson pour le célébrer je trouve ça con. Si Lalane fait une chanson sur « Blanc fier d’être ici et rien que d’ici », il se fait traiter de raciste….).

Or pour moi l’apologie du métissage est aussi l’apologie du racisme. Déjà parce que ça exclut toute différence. Si on est tous métis, on se ressemble donc on ne s’enrichit pas de nos différences (ou de nos indifférences c’est selon), c’est la meilleure manière de faire disparaître les épidermes les plus sombres. En plus le truc autour des métis est qu’ils sont appréciés des blancs (même chez les plus antiracistes) parce qu’ils ont quelque chose en commun tout en étant « différent » . « Je t’aime bien t’es peut-être un peu d’ailleurs mais beaucoup d’ici » n’est pas très loin du « j’aime pas les noirs mais toi je t’aime bien même si t’es noir ».

C’est comme cette banderole à côté de la gare de Blanc Mesnil (93, ville de Buffet je crois), « Vivre en couleurs c’est mieux ».Donc vivre entre blancs c’est nul ? Vivre entre noirs, c’est à chier ? Pourquoi ? Parce ça ne cadre pas avec la pub de Benetton ? Vive la tolérance ! (encore tolérance veut dire supporter et ne veut pas dire respecter ou même accepter), ainsi mettre un noir dans un immeuble du centre-ville blancs témoigne de la tolérance du reste des locataires ? En quoi pour un blanc vivre à côté d’un crétin béninois, un idiot guadeloupéen serait mieux que de vire à côté d’autres blancs ?

Décidemment le racisme n’est pas parqué dans les réserves d’Orange…..

lundi 7 mai 2007

La fin du rêve

L’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république marque la victoire de la faction oligarchique pro-gauloise. Il ne faut pas se voiler la face. Ces derniers temps et ces dernières années, après ce que les aveugles de l’époque ont nommé « le séisme du 21 avril 2002 », certains ont voulu faire croire que ce vote était issu de l’abstention. Je ne suis pas de ceux-là. Je pense que cela n’a fait que traduire la véritable opinion d’une part sensible de la population. La mobilisation du second tour de 2002 le prouve. En dépit de celle-ci, certes Le Pen n’a pas été élu, mais il a confirmé son score du 1er tour. Pour ses électeurs, il ne s’agissait pas seulement d’un vote protestataire, mais bel et bien de l’expression d’une opinion. Ainsi je pense, en paraphrasant l’expression d’Akhenaton à propos des municipales de Vitrolles, que désormais nous connaissons le pourcentage de « fils de pute » en France.
J’irai même plus loin, car je suis depuis longtemps persuadé que les racistes et xénophobes gaulois (il y a une petite nuance développable) ne sont pas uniquement dans les rangs lepénistes. Y aurait il plus de « fils de pute » que les apparences le laisseraient croire ? Cela me semble plus que certain. J’ai d’ailleurs pour souvenir (en 1998 ou 1999 alors que j’étais en Martinique) la mention d’un sondage dans le journal du soir 3, où je crois environ 60% des sondés se reconnaissaient plus ou moins racistes. Ok, ce n’est pas un argument irréfutable, d’autant plus que sans être un vieillard cacochyme, je ne me souviens pas de la date précise. Mais ce sondage avait conforté l’idée chez moi que les racistes n’étaient pas parqués dans « la réserve de Saint-Cloud ». Cela explique sans doute l’absence de surprise de ma myopie, au contraire de la masse de non-voyants de 2002.
Les racistes, à l’instar de n’importe quelle autre catégorie, n’appartiennent pas à un groupe monolithique. De plus ils ont des degrés dans leurs convictions, et pour beaucoup le racisme en soi ne peut être une doctrine politique. Un raciste a également des aspirations sociales, une vision économique, il attend un de son personnel politique un véritable projet politique, une crédibilité et une cohérence. Et cela, malgré les sympathies qu’ils peuvent avoir pour les idées frontistes (« Jean-Marie il dit pas que des conneries » selon eux), ils préfèrent voter pour un « vrai » candidat. Je pourrai également parler de ceux qui pensent la même chose mais qui culpabilisent sachant que « c’est mal » (esquisse d’une caricaturale différence entre racistes de droite et racistes de gauche). Au final, seuls les moins exigeants politiquement et les plus féroces des racistes et xénophobes votent Le Pen (ou autre partis d’extrême droite). Les autres, qui sont peut être même plus nombreux, votent pour la droite traditionnelle ou la gauche. Certains même ont des sympathies d’extrême Gauche, car les considérations de classe ne sont pas incompatibles avec des sentiments xénophobes (« j’aime pas les patrons, j’aime pas les boucaques »). Je ne suis pas sûr que tous les électeurs du parti communiste (d’hier et d’aujourd’hui) se retrouvent dans le combat pour les sans-papiers (Au fait une Arlette, un Robert, une Marie-Georges ou un Olivier, passe mieux qu’un Mohamed ou un Mamadou, non ?). Je ne verse toutefois pas dans la paranoïa raciste. Je ne dis en aucun cas que tous les Gaulois (car il est vrai que je parle ici des racistes blancs) militant ou votant pour l’UMP, le PS ou autres sont racistes. Je veux juste expliquer certains (inquantifiables car discrets ou refoulés) se cachent parmi les électeurs lambdas des partis « respectables ».
Au soir même du 21 avril, les racistes refoulés et leurs complices bien pensants ont élaboré le mythe des abstentionnistes et celui de la dispersion à Gauche pour expliquer la qualification en final du « petit poucet ». De ce mythe est né l’idée que si les électeurs républicains et tolérants résistent à leur amour des week-ends printaniers pour se mobiliser massivement et sans dispersion, on évitera en 2007, le « cataclysme de 2002 » (y a aussi Tsunami, mais à part Jospin, personne s’est noyé). Forcé de constaté que le scénario ne s’est pas reproduit (les présidentielles c’est pas Hollywood), mais cela n’est pas dû à l’exceptionnelle participation. La raison est simple, un candidat « sérieux » a pris à son compte de manière subtile les thématiques « xénophobes », en les incluant dans son programme et surtout dans ses prises de positions. Les « racistes éclairés » (et pas que de droite) ont trouvé en lui leur sauveur. Là ce trouve, à mon sens, l’explication du triomphe de Mr Sarkozy alias « nettoyeur haute pression ».
Ce triomphe marque a contrario, la défaite des tenants du melting pot français, et la fin de l’illusion que la France du XXIe siècle est celle des quartiers populaires et de sa population métissée. Je ne sous-entend pas que les « français issus de l’émigration » (on voit de qui on parle, non ? Pas les hongrois...) ont tous voté à Gauche. Toutefois, il faut reconnaître qu’une propagande anti-Sarkozy les a largement visé, et que ce sentiment est largement présent dans leur rang. Au final les inscriptions sur les listes électorales, la mobilisation ça a donné quoi ? Une tarte ! C’est pas parce que l’équipe de France est « black black black » comme le dit un grand philosophe (en centimètres bien sûr) que le pays l’est. D’ailleurs au Stade de France, à part les joueurs et David Astorga, c’est loin d’être la « bamboulie ». De même quand on regarde l’équipe de Basket des Etats-Unis ou celle de Rugby de l’Afrique du Sud, on oublie le critère de représentativité.
Les héritiers du « touche pas à mon pote » nous ont rebattu les oreilles de cette France Black-Blanc-Beur entre deux trois coups de boule (98-2006) de l’icône venu des cités, (heureusement blanc et franchouillardisé en « Zizou »). La présidentielle 2007 nous a ramené à la réalité de « minorité visible » (sûrement pour contraster avec les juifs « invisibles » et infiltrés, ce qui sent l’antisémitisme). Tout le monde a remarqué que les « blacks » ou les « beurs » sont devenus tendance. Didier Barbelivien (soutien de ?) s’était même ému il y a quelques années dans une interview au Parisien (et non j’ai pas la date), que l’on ne puisse plus chanter de nos jours, sans être noir ou arabe. Attention il disait cela sans être raciste, car peut être qu’il pensait la même chose des canadiens dans les années 90, ou de je sais pas qui d’autre avant (visible, invisible ?). Bref même si le fantasme de Mr Barbelivien n’est clairement pas la réalité (Houcine s’est fait niquer à la Star ac’), on constate que des artistes plus colorés ou feintant la couleur, portés par la mode « R’n’b », ainsi que d’autres dans le sillon de Jamel Debbouze sont aujourd’hui des stars. Il n’en fallait pas plus pour alimenter l’illusion black-blanc-beur.
Mais nous voilà retombés dans la réalité, Mr Sarkozy a collé une tarte à la France de Diams et consorts. T’as France à toi elle pèse pas lourd, et il y a un monde entre crier dans un concert « la jeunesse emmerde le front national », et réellement fédérer politiquement l’ensemble la jeunesse et au-delà derrière des idéaux politiques. Il faut rappeler plusieurs choses. Tout d’abord que le grand public du rap est loin d’être uniquement noir, arabe ou même banlieusard. De plus les « skyrockers » majoritairement blancs ne sont pas tous xénophiles. Certains seront peut être surpris d’apprendre que des électeurs de Nicolas Sarkozy et même de Jean-Marie Le Pen (et oui, j’en connais) chantent du « garde la pêche » ou de « la boulette ». Je ne parle même pas de leurs parents.
C’est donc la fin d’un rêve, celui que les gaulois à l’esprit ouvert, les tenants de la multiplicité et de la « mélaninophilie » étaient les plus nombreux en France. Et bien non. Ils ne pèsent pas aussi lourd que beaucoup le pensait, surtout ne sont pas plus unis que les autres. Il est plus fédérateur d’exalter la traditionnelle France gauloise, que d’esquisser des pas de danse ridicules pour rassembler celle de Diams. Il semble même plus fédérateur de combattre l’idée de France multiple que de la défendre. Les gaulois et leurs chefs oligarques ont gagné, il est à présent clair que les « mélaninophiles » n’ont rien des légions de César. Oubliez « veni vidi vici ». Désormais, la France tu l’aimes ou tu la quittes. Autrement dit, tu te mets à la cervoise ou tu vas voir ailleurs. Tu peux aussi rester et faire semblant de l’aimer comme elle est, et même comme certains, la baiser jusqu’à ce que elle, elle t’aime comme t’es. Mais au fond, quand bien même nous n’aimerions pas cette France, mais qu’en même temps, nous ne voudrions pas la quitter, qui oserait nous foutre dehors ?