lundi 17 septembre 2007

Félicitations à Rama Yade (ou l’éloge de l’innocence).

J’ai été critique de la nomination de Rama Yade et des autres cautions « ethniques » (no comment) du gouvernement Fillon. Mais là, sans ironie, je tire mon chapeau à notre secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme [...] après son coup d’éclat lors de la tentative d’expulsion des sans papiers à Aubervilliers. Il ne s’agit pas pour moi de tourner casaque, ou de reconnaître a posteriori la qualité et les compétences de Mme Yade après l’avoir dénigré et vilipendé (ce qui est d’ailleurs faux). Cet épisode ne fait que confirmer tout ce que je pensais de l’instrumentalisation de sa nomination. Le tollé provoqué par son initiative confirme mes critiques initiales, et prouve que l’on attendait justement d’elle une absence d’initiative, un rôle de potiche en somme. On espérait qu’elle se contente de son rôle de figurante (comme les noirs dans Plus belle la vie) lors des sommets et rencontres internationales ; qu’elle énonce des lieux communs sur des situations lointaines sur lesquels sa voix n’a pas la moindre influence effective. On voulait également en faire un symbole de réussite pour faire rêver (et rien de plus) les petites négresses de France, tout en adressant un message positif à l’Afrique, comme si pour une sénégalaise la réussite était de finir au gouvernement français et non pas dans celui de son pays. (C’est sans doute ça l’immigration choisie, mais je ne suis pas sûr que ça décourage les subsahariens en villégiature à Gibraltar).
Et bien Rama a brisé les chaînes. Elle ne s’est pas laissée dicter sa conduite et elle a été là où elle pensait devoir être, sur le terrain, pour se préoccuper des sujets qui, dans la logique des choses, devraient relever de sa charge de secrétaire d’Etat. Je lui adresse donc une première félicitation pour avoir eu le courage d’assumer la réalité d’une fonction dont on ne lui octroyait que le titre.
Ma seconde louange se place dans le sillon de ma précédente remarque, mais dans une veine plus générale, puisque Mme (ou Mlle) Yade a simplement fait son travail, ce que nombre de ses collègues du gouvernement ne font pas. En est d’ailleurs symptomatique le fait que tous les hérauts de son camp lui aient reproché de s’être mêlé d’un dossier qu’elle aurait dû laisser traiter (de loin) par ses collaborateurs. En quelque sorte, tous ces vieux stratèges de la politique se gaussent de voir cette novice commettre l’erreur de s’atteler de manière effective à la charge qu’on lui a confié. Elle aurait dû se contenter de faire semblant. Erreur de jeunesse.
Enfin je complimente Rama Yade d’avoir démontrer l’hypocrisie de la mairie communiste de la ville, qui, cachée derrière le prétexte du légalisme, cautionne des opérations de police que le P.C. n’a (en apparence) de cesse de dénoncer dans ses tracts et ses meetings.
En définitive, c’est justement parce que Rama Yade n’est pas au fait de la réalité des agissements et des pratiques politiques qu’elle a « l’impudence » et la « légèreté » de remplir de manière effective sa fonction. Je vous félicite donc Mme la secrétaire d’Etat. Je m’empresse d’autant plus de le faire que bientôt vous deviendrez (si vous persistez en politique) comme vos « illustres » aînés, plus calculateurs qu’acteurs. Un titre d’acteur qu’ils ne méritent au final qu’au sens de comédien, aux vues de leur quotidienne mascarade donnée sur la grande scène du cirque médiatique de la politique française.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ironie ironie ce texte est tranchant d'ironie...