lundi 7 mai 2007

La fin du rêve

L’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république marque la victoire de la faction oligarchique pro-gauloise. Il ne faut pas se voiler la face. Ces derniers temps et ces dernières années, après ce que les aveugles de l’époque ont nommé « le séisme du 21 avril 2002 », certains ont voulu faire croire que ce vote était issu de l’abstention. Je ne suis pas de ceux-là. Je pense que cela n’a fait que traduire la véritable opinion d’une part sensible de la population. La mobilisation du second tour de 2002 le prouve. En dépit de celle-ci, certes Le Pen n’a pas été élu, mais il a confirmé son score du 1er tour. Pour ses électeurs, il ne s’agissait pas seulement d’un vote protestataire, mais bel et bien de l’expression d’une opinion. Ainsi je pense, en paraphrasant l’expression d’Akhenaton à propos des municipales de Vitrolles, que désormais nous connaissons le pourcentage de « fils de pute » en France.
J’irai même plus loin, car je suis depuis longtemps persuadé que les racistes et xénophobes gaulois (il y a une petite nuance développable) ne sont pas uniquement dans les rangs lepénistes. Y aurait il plus de « fils de pute » que les apparences le laisseraient croire ? Cela me semble plus que certain. J’ai d’ailleurs pour souvenir (en 1998 ou 1999 alors que j’étais en Martinique) la mention d’un sondage dans le journal du soir 3, où je crois environ 60% des sondés se reconnaissaient plus ou moins racistes. Ok, ce n’est pas un argument irréfutable, d’autant plus que sans être un vieillard cacochyme, je ne me souviens pas de la date précise. Mais ce sondage avait conforté l’idée chez moi que les racistes n’étaient pas parqués dans « la réserve de Saint-Cloud ». Cela explique sans doute l’absence de surprise de ma myopie, au contraire de la masse de non-voyants de 2002.
Les racistes, à l’instar de n’importe quelle autre catégorie, n’appartiennent pas à un groupe monolithique. De plus ils ont des degrés dans leurs convictions, et pour beaucoup le racisme en soi ne peut être une doctrine politique. Un raciste a également des aspirations sociales, une vision économique, il attend un de son personnel politique un véritable projet politique, une crédibilité et une cohérence. Et cela, malgré les sympathies qu’ils peuvent avoir pour les idées frontistes (« Jean-Marie il dit pas que des conneries » selon eux), ils préfèrent voter pour un « vrai » candidat. Je pourrai également parler de ceux qui pensent la même chose mais qui culpabilisent sachant que « c’est mal » (esquisse d’une caricaturale différence entre racistes de droite et racistes de gauche). Au final, seuls les moins exigeants politiquement et les plus féroces des racistes et xénophobes votent Le Pen (ou autre partis d’extrême droite). Les autres, qui sont peut être même plus nombreux, votent pour la droite traditionnelle ou la gauche. Certains même ont des sympathies d’extrême Gauche, car les considérations de classe ne sont pas incompatibles avec des sentiments xénophobes (« j’aime pas les patrons, j’aime pas les boucaques »). Je ne suis pas sûr que tous les électeurs du parti communiste (d’hier et d’aujourd’hui) se retrouvent dans le combat pour les sans-papiers (Au fait une Arlette, un Robert, une Marie-Georges ou un Olivier, passe mieux qu’un Mohamed ou un Mamadou, non ?). Je ne verse toutefois pas dans la paranoïa raciste. Je ne dis en aucun cas que tous les Gaulois (car il est vrai que je parle ici des racistes blancs) militant ou votant pour l’UMP, le PS ou autres sont racistes. Je veux juste expliquer certains (inquantifiables car discrets ou refoulés) se cachent parmi les électeurs lambdas des partis « respectables ».
Au soir même du 21 avril, les racistes refoulés et leurs complices bien pensants ont élaboré le mythe des abstentionnistes et celui de la dispersion à Gauche pour expliquer la qualification en final du « petit poucet ». De ce mythe est né l’idée que si les électeurs républicains et tolérants résistent à leur amour des week-ends printaniers pour se mobiliser massivement et sans dispersion, on évitera en 2007, le « cataclysme de 2002 » (y a aussi Tsunami, mais à part Jospin, personne s’est noyé). Forcé de constaté que le scénario ne s’est pas reproduit (les présidentielles c’est pas Hollywood), mais cela n’est pas dû à l’exceptionnelle participation. La raison est simple, un candidat « sérieux » a pris à son compte de manière subtile les thématiques « xénophobes », en les incluant dans son programme et surtout dans ses prises de positions. Les « racistes éclairés » (et pas que de droite) ont trouvé en lui leur sauveur. Là ce trouve, à mon sens, l’explication du triomphe de Mr Sarkozy alias « nettoyeur haute pression ».
Ce triomphe marque a contrario, la défaite des tenants du melting pot français, et la fin de l’illusion que la France du XXIe siècle est celle des quartiers populaires et de sa population métissée. Je ne sous-entend pas que les « français issus de l’émigration » (on voit de qui on parle, non ? Pas les hongrois...) ont tous voté à Gauche. Toutefois, il faut reconnaître qu’une propagande anti-Sarkozy les a largement visé, et que ce sentiment est largement présent dans leur rang. Au final les inscriptions sur les listes électorales, la mobilisation ça a donné quoi ? Une tarte ! C’est pas parce que l’équipe de France est « black black black » comme le dit un grand philosophe (en centimètres bien sûr) que le pays l’est. D’ailleurs au Stade de France, à part les joueurs et David Astorga, c’est loin d’être la « bamboulie ». De même quand on regarde l’équipe de Basket des Etats-Unis ou celle de Rugby de l’Afrique du Sud, on oublie le critère de représentativité.
Les héritiers du « touche pas à mon pote » nous ont rebattu les oreilles de cette France Black-Blanc-Beur entre deux trois coups de boule (98-2006) de l’icône venu des cités, (heureusement blanc et franchouillardisé en « Zizou »). La présidentielle 2007 nous a ramené à la réalité de « minorité visible » (sûrement pour contraster avec les juifs « invisibles » et infiltrés, ce qui sent l’antisémitisme). Tout le monde a remarqué que les « blacks » ou les « beurs » sont devenus tendance. Didier Barbelivien (soutien de ?) s’était même ému il y a quelques années dans une interview au Parisien (et non j’ai pas la date), que l’on ne puisse plus chanter de nos jours, sans être noir ou arabe. Attention il disait cela sans être raciste, car peut être qu’il pensait la même chose des canadiens dans les années 90, ou de je sais pas qui d’autre avant (visible, invisible ?). Bref même si le fantasme de Mr Barbelivien n’est clairement pas la réalité (Houcine s’est fait niquer à la Star ac’), on constate que des artistes plus colorés ou feintant la couleur, portés par la mode « R’n’b », ainsi que d’autres dans le sillon de Jamel Debbouze sont aujourd’hui des stars. Il n’en fallait pas plus pour alimenter l’illusion black-blanc-beur.
Mais nous voilà retombés dans la réalité, Mr Sarkozy a collé une tarte à la France de Diams et consorts. T’as France à toi elle pèse pas lourd, et il y a un monde entre crier dans un concert « la jeunesse emmerde le front national », et réellement fédérer politiquement l’ensemble la jeunesse et au-delà derrière des idéaux politiques. Il faut rappeler plusieurs choses. Tout d’abord que le grand public du rap est loin d’être uniquement noir, arabe ou même banlieusard. De plus les « skyrockers » majoritairement blancs ne sont pas tous xénophiles. Certains seront peut être surpris d’apprendre que des électeurs de Nicolas Sarkozy et même de Jean-Marie Le Pen (et oui, j’en connais) chantent du « garde la pêche » ou de « la boulette ». Je ne parle même pas de leurs parents.
C’est donc la fin d’un rêve, celui que les gaulois à l’esprit ouvert, les tenants de la multiplicité et de la « mélaninophilie » étaient les plus nombreux en France. Et bien non. Ils ne pèsent pas aussi lourd que beaucoup le pensait, surtout ne sont pas plus unis que les autres. Il est plus fédérateur d’exalter la traditionnelle France gauloise, que d’esquisser des pas de danse ridicules pour rassembler celle de Diams. Il semble même plus fédérateur de combattre l’idée de France multiple que de la défendre. Les gaulois et leurs chefs oligarques ont gagné, il est à présent clair que les « mélaninophiles » n’ont rien des légions de César. Oubliez « veni vidi vici ». Désormais, la France tu l’aimes ou tu la quittes. Autrement dit, tu te mets à la cervoise ou tu vas voir ailleurs. Tu peux aussi rester et faire semblant de l’aimer comme elle est, et même comme certains, la baiser jusqu’à ce que elle, elle t’aime comme t’es. Mais au fond, quand bien même nous n’aimerions pas cette France, mais qu’en même temps, nous ne voudrions pas la quitter, qui oserait nous foutre dehors ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo.

Anonyme a dit…

tellement vrai c est fini les bonnes intentions humanitaires place au franconationalisme ca pue !!!